LA CORSE, LA SARDAIGNE, L'EUROPE

Une nouvelle donne géopolitique entre régions, Etats-nations et Union européenne ?

 

 

Thèse de doctorat en géographie (mention géopolitique) soutenue le 19 décembre 2002 à l'Institut Français de Géopolitique. Le jury composé de Madame Béatrice Giblin, Messieurs Yves Lacoste, Georges Ravis-Giordani, Francis Pomponi et Roger Bergeron a l'issu de la délibération a accordé la mention très honorable à l'unanimité à Monsieur Emmanuel Bernabéu-Casanova.

 

Résumé : Une nouvelle donne géopolitique entre régions, Etats-nations et Union européenne ? Après des siècles d'indifférence mutuelle, depuis la fin des années 1980, sous l'égide de l'Union européenne, les Corses et les Sardes semblent se découvrir. Distantes de seulement douze kilomètres, la Corse et la Sardaigne, ayant intégré au cours des derniers siècles deux grands Etats-nations, la France et l'Italie, ont généré très peu d'échanges. Si la géographie rapproche ces deux îles, en revanche, l'histoire et les formations sociales spécifiques des deux sociétés insulaires semblent les éloigner. Cependant depuis le début du XXe siècle, un trait commun les unit : la montée en puissance des phénomènes nationalistes, qui s'est toutefois déroulée dans des conditions particulières et au cours de temporalités différentes. Or, les nationalistes corses et sardes, au-delà de leurs combats pour leur langue, leur culture, l'environnement ou la préservation de leur "peuple" souhaitent promouvoir des régions plus autonomes des Etats-nations et plus proches des instances européennes. Ce projet semble prendre corps depuis peu par l'action d'élus corses et sardes, qui mettent en place un puissant arsenal de lobbying s'inscrivant dans le cadre d'une véritable "logique des îles", garantissant une plus grande émancipation vis-à-vis des Etats-nations de tutelle. A l'avenir, ce projet géopolitique servira-t-il les intérêts des Corses et des Sardes ?

 

 

 

-Introduction-

 

 

L'approche géopolitique comparée des îles de Corse et de Sardaigne constitue un champ de réflexion passionnant, qui pourtant demeure inexploré. Cet espace pose un problème particulièrement intéressant en matière de non-déterminisme géographique. En effet, ces deux îles, proches d'une douzaine de kilomètres à peine ont connu des cheminements historiques différents. Depuis le XVIIIe siècle, la Corse et la Sardaigne évoluent dans des sphères géopolitiques distinctes. Pendant près de quatre siècles, sous domination espagnole, catalane puis aragonaise, la Sardaigne devint, en 1718, possession de la Maison de Savoie, avec qui elle fonda le royaume de Piémont-Sardaigne. Au cours du XIXe siècle, la grande île fut partie prenante du Risorgimento qui mena à l'unité italienne. Pour sa part, la Corse, après avoir été successivement sous domination pisane puis génoise, a quitté l'espace d'influence italien pour rejoindre, en 1768 par traité et en 1769 par les armes, le Royaume de France, après une brève période d'indépendance. La relation qu'entretiennent Corses et Sardes avec les deux grands Etats-nations européens auxquels ils appartiennent respectivement n'est pas de nature identique. La Corse, à peine 260.000 habitants pour 8.600 km2, est empêtrée depuis près de trente ans dans un conflit identitaire marqué au fil des années par une dérive particulièrement violente. Cette île qui représente à peine 1,6% du territoire national métropolitain, 0,4% de la population française pour 0,3% du Produit Intérieur Brut (PIB) national, occupe une place à part dans l'actualité, sans commune mesure avec sa réalité démographique et économique. D'ailleurs, dès 1985, le géographe Pierre Tafani notait fort à propos : "Parmi les îles qui relèvent de la République française, la Corse est sans conteste celle qui pose présentement les problèmes géopolitiques les plus graves et les plus difficiles à résoudre" . Depuis lors, la situation a empiré, ainsi qu'en témoigne l'analyse de Marianne Lefèvre dans Géopolitique de la Corse. Le modèle républicain en question . La Corse fait figure de région à part dans l'ensemble français après tant d'années de troubles. Le lien entre les citoyens français de Corse et le reste de la communauté nationale semble distendu. Si de très nombreux touristes continuent à visiter chaque année cette île, que l'on dit de "Beauté", la représentation que l'opinion publique française a de ses habitants est nettement moins positive. Dans l'esprit de nombre de concitoyens, les Corses sont un poids pour la collectivité nationale et ont de surcroît, un goût prononcé pour la violence. En Corse, il est de bon ton de critiquer l'image que les médias renvoient de l'île. Toutefois, il est certain que la vision de 600 clandestins en armes réunis dans le maquis, dans la nuit du 12 janvier 1996, avait de quoi inquiéter les citoyens français. Même si cette conférence de presse clandestine du Fronte di Liberazione Naziunale di a Corsica (FLNC-canal historique) avait l'aval de Jean-Louis Debré, alors ministre de l'Intérieur, pareille parade peut paraître déplacée dans le cadre d'une démocratie moderne. L'image de la Corse se dégrada de nouveau quand, le 6 février 1998, le Préfet de Région, Claude Erignac fut assassiné dans une rue d 'Ajaccio. La communauté nationale se dressa immédiatement contre ce crime. Ce ne furent pas les 40.000 personnes qui défilèrent dans les rues d'Ajaccio pour manifester leur désapprobation qui firent changer l'opinion continentale sur le bien-fondé du nationalisme corse. Cependant, indépendamment de son caractère violent, ce nationalisme demeure à ce jour bien implanté dans l'île : en mars 1999, à l'occasion des dernières élections à l'Assemblée de Corse, A Cuncolta Indipendentista, formation proche du FLNC-canal historique a réalisé 16,77% des suffrages exprimés, soit un peu plus de 20.000 voix. Face à de tels événements, l'opinion publique française adhère dans sa grande majorité, selon de nombreux sondages, à la formule lapidaire de Raymond Barre : "Si les Corses veulent l'indépendance, qu'ils la prennent". Ainsi, les Corses se trouvent dans une situation paradoxale où une infime minorité d'indépendantistes a réussi à convaincre du bien-fondé de sa revendication la majorité des Français. En comparaison avec la Corse, si turbulente, la Sardaigne fait figure de havre de paix. Cette île, forte de 1,6 million d'habitants répartis sur 24.000 km2 représente 8% du territoire italien, 2,6% de la population et 2,2% de la richesse nationale. Jusqu'à présent la Sardaigne a assumé paisiblement son identité au sein de la république transalpine, en dépit de revendications indépendantistes émanant d'un parti tel Sardigna Natzione. Pourtant, l'absence de mouvements revendicatifs violents ne va pas de soi, notamment parce que les problèmes sociaux en Sardaigne sont nettement plus graves qu'en Corse. L'île italienne est statistiquement plus pauvre que sa voisine française et surtout les Sardes sont confrontés à un épineux problème de chômage, puisqu'en 1999, 22% de la population active était sans emploi, contre 14% en Corse. Cependant, les Sardes ont appris depuis 1948 à concilier leur identité avec leur appartenance à l'ensemble italien dans le cadre d'un statut d'autonomie récemment rénové. La comparaison entre la Corse et la Sardaigne revient donc avant tout à une mise en perspective de situations géopolitiques internes particulièrement contrastées au sein des Etats italien et français. La situation en Corse est souvent présentée comme une menace pour l'unité de la France, tant la Ve République a été troublée par les événements dans l'île, qui contrarient l'idéal jacobin. On ne peut pas dire que la Sardaigne pose à l'ensemble italien des problèmes comparables ; la prise en compte des spécificités régionales est ancrée dans la culture politique de ce pays depuis l'avènement de la République en 1946. Cependant, le danger de voir imploser la nation italienne est bien réel aux yeux de certains : "Depuis la fin des années quatre-vingt, la géopolitique interne de l'Italie connaît des soubresauts d'une telle ampleur que certains observateurs italiens ou étrangers s'interrogent sur le devenir de l'Italie et plus particulièrement sur celui de son unité" . En Italie, depuis la naissance de la IIe République, il y a dix ans dans un climat politique troublé par de nombreuses affaires, le principal point de crispation géopolitique a concerné le nord de la péninsule, avec l'activisme de la Ligue du Nord d'Umberto Bossi. Ce mouvement politique grâce à un discours séparatiste rencontre un succès considérable auprès des petits entrepreneurs et des professions libérales des régions les plus septentrionales, qui l'ont amené au pouvoir. Développant la haine du concept de nation italienne , la "Lega" dénonce une administration inefficace, celle de l'Etat italien ouvertement accusé de gaspiller les impôts prélevés au nord au profit d'un Mezzogiorno à la fois parasite et corrompu, mais aussi d'une construction européenne dangereuse pour la péninsule. Dans leurs ensembles nationaux respectifs, les Corses et les Sardes posent donc des problèmes de géopolitique interne d'une intensité fort différente. Or depuis une dizaine d'années, les Corses et les Sardes sont confrontés à une phénomène nouveau : l'approfondissement de la construction européenne. De plus en plus, les relations traditionnelles entre la Corse et la France, la Sardaigne et l'Italie, sont déstabilisées par l'influence croissante des instances européennes. Le sort de la Corse et de la Sardaigne ne se joue plus seulement à Paris ou à Rome. Le triptyque région, Etat, Union européenne a complexifié les relations de pouvoir : l'analyse géopolitique s'avère particulièrement adaptée pour comprendre cette nouvelle donne. La réalité des jeux de pouvoirs et de décisions ne s'apprécie qu'au moyen d'une analyse supranationale, portant sur l'Union européenne et les pays membres dont dépendent ces îles. Il faut d'autre part évoquer l'aspect inter-étatique mais également inter-régional, puisque une forme de coopération est née entre ces îles, via des institutions démocratiquement élues qui disposent de vastes prérogatives. Si l'on considère avec Yves Lacoste, que la nation est "une idée géopolitique, et même le concept géopolitique fondamental, car pour toute nation il est essentiellement question de pouvoirs et d'indépendance, de langue et de territoire" , alors on comprend mieux pourquoi les cas de la Sardaigne et de la Corse présentent un intérêt majeur. Les "nationalismes régionaux" à l'œuvre dans ces deux îles remettent en cause les fondements même des Etats-nations français et italien. Dans le même temps, la Commission européenne s'avère être un allié objectif des mouvements identitaires dans leur tentative d'affaiblissement des Etats centralisés. Dans le sillage de la construction européenne, l'idée d'une association entre les îles de la Méditerranée occidentale a émergé. Après des siècles d'ignorance mutuelle, Corses et Sardes, encouragés par Bruxelles, tentent à présent de tirer partie de leur proximité géographique et culturelle, afin de faire valoir des préoccupations d'ordre politique ou économique. De 1989 à 1999, la Direction Générale de la politique régionale (DG XVI) de la Commission européenne crédita les programmes transfrontaliers Corse-Sardaigne de quelques 114 millions d'euros. Grâce au programme européen Interreg notamment, le rapprochement s'opère. Ainsi, les universités de Corse, de Sardaigne et des Baléares ont conclu, le 26 septembre 1996 à Cagliari, une convention-cadre régissant leurs échanges. En juin 1997, se sont tenus à Ajaccio, sous l'égide du Comité Régional Olympique et Sportif de Corse, les premiers "Jeux des îles" ; ces olympiades sont destinées aux jeunes insulaires du bassin méditerranéen. Du 23 au 25 septembre 1997, a eu lieu la première rencontre des "Musées des îles". Au mois de novembre 1997, des techniciens venant de Sardaigne, des Baléares et de Corse partageaient leurs connaissances en matière de prévention des incendies au cours d'un séminaire itinérant. Au début de l'année 1998, l'émission radiophonique mensuelle "Méditerradio" était inaugurée sur les ondes de Radio Corsa Fréquenza Mora (RCFM), antenne locale de France-Inter, avec pour but de renforcer la coopération entre Corses et Sardes. Conscients du peu de poids politique, économique et démographique de leurs îles au sein de l'Union Européenne, les présidents des régions Corse, Sardaigne et Baléares ont signé le 9 mai 1995 un préambule à une coopération étroite, qui précisait : "Les institutions veulent promouvoir, avec de plus en plus d'insistance, la coopération entre les régions de l'Union. Ceci a apporté un développement significatif dans les échanges de tous types entre les régions de l'Union, et en fin de compte à la formation d'alliances stratégiques entre ces régions qui partagent une même vision de ce que doit être leur futur au sein de l'Europe" . Le but de l'association des Iles de la Méditerranée Occidentale (Imedoc), qui, depuis l'an 2000, compte la Sicile dans ses rangs est de promouvoir : "Le traitement de l'insularité et des îles dans la politique structurelle européenne, le tourisme, les échanges commerciaux, l'environnement, l'organisation du territoire et le développement des nouvelles technologies, et en particulier les télécommunications" . Ainsi, que l'illustre la carte n° 1, cette association de lobbying prend de l'ampleur. Au sein de cette réunion d'intérêts insulaires, je distinguerai clairement le noyau de coopération corso-sarde réuni notamment au sein du programme européen Interreg. En effet, depuis 1989 cet espace transfrontalier dispose de crédits importants, afin de favoriser les échanges entre les deux îles. La multiplication des projets corso-sardes, souvent financés par l'UE, représente une petite révolution dans les mentalités insulaires au sens où les deux peuples qui se sont ignorés pendant des siècles n'avaient que peu conscience de leur proximité géographique. Ce dédain des îles entre elles est d'ailleurs la norme, tandis que la solidarité entre les îles est l'exception. Si le Japon constitue un cas de développement d'un espace insulaire réussi, en revanche les relations entre les îles et les archipels sont plutôt à la rivalité, comme en témoignent les études menées sur les archipels de Vanuatu, des Philippines, des Comores ou plus près de l'objet de notre analyse des Baléares et des Canaries. Il m'apparaît donc également primordial de réfléchir à la genèse et l'usage d'une représentation géopolitique émergente, qui veut que les deux principales îles de la mer Tyrrhénienne distantes de douze kilomètres aient désormais un avenir commun en dépit des siècles d'indifférence réciproque. Il faut en effet se demander pour qui et pourquoi "une construction, un ensemble d'idées plus ou moins logiques et cohérentes, qui peuvent être collectives ou individuelles" en faveur de la coopération corso-sarde a vu le jour dans un contexte bien particulier. En dépit de l'intérêt certain que porte l'élite politique ou intellectuelle aux projets corso-sardes, la connaissance mutuelle entre les populations des deux îles est loin d'être une préoccupation partagée par tous. D'ailleurs, les Corses sont assez peu à l'écoute de l'actualité sarde ; les sources d'informations sont rares à l'exception d'une épisodique émission de radio, de quelques articles dans le quotidien régional Corse-Matin et d'une rubrique dans le mensuel Corsica. Ce désintérêt est aussi partagé par les Sardes, qui ne peuvent que rarement lire des articles sur la Corse dans les quotidiens L'Unione Sarda ou La Nuova Sardegna. Cependant dans les esprits, la frontière entre les deux îles est bien marquée. La distance mentale qui s'est instaurée au cours des siècles entre la Corse et la Sardaigne est infiniment plus grande que la seule distance géographique, symbolisée par une frontière marine. La méconnaissance, voire l'ignorance, entre la Corse et la Sardaigne est donc une réalité historique, et la coopération entre ces deux îles un fait récent. La situation est telle, que le champ de recherche commun à ces deux îles est absolument vierge. Aussi je souhaite que l'approche géopolitique de cette question permette de comprendre les véritables enjeux du rapprochement entre Corses et Sardes.

 

-Table des matières-

 

Remerciements p. 3 Sommaire p. 7 Glossaire p. 11 Introduction p. 12 * Première Partie : Corse et Sardaigne, deux îles si proches et pourtant si lointaines p. 19 Chapitre I. Corse et Sardaigne : une unité de façade, qui s'efface devant des spécificités indéniables p. 20 Section 1. En dépit de reliefs différents, les deux grandes îles tyrrhéniennes furent longtemps soumises au même isolement p. 21 Deux îles aux reliefs différents p. 22 Le caractère alpin de la Corse p. 23 Le caractère tabulaire de la Sardaigne p. 24 En raison du relief notamment, Corse et Sardaigne connaissent des nuances importantes en matière de climat et de végétation p. 25 La principale caractéristique commune : le double isolement pendant des siècles p. 29 L'insularité ou l'isolement par rapport au continent p. 29 Corse et Sardaigne, le même refus de la mer p. 32 L'isolement fruit du cloisonnement de l'intérieur des terres p. 37 L'isolement généralisé caractérisait la Corse et la Sardaigne p. 39 Section 2 : Des sociétés traditionnelles, qui face aux duretés de la subsistance ont développé des structures économiques, sociales et politiques distinctes p. 41 La médiocrité des sols corses et sardes et leur répercussion différente sur l'organisation des activités humaines p. 41 Bergers contre paysans : une antique rivalité sarde mise à bas par la modernité p. 41 Hauts plateaux et montagnes : le monde des bergers p. 42 Plaines et collines : le monde des paysans p. 43 Des régions en dehors de l'opposition bergers vs paysans p. 45 En Corse, l'organisation traditionnelle du travail pour l'autosuffisance de chaque famille p. 47 La famille, le village, le clan : des sphères de sociabilisation régies par des règles différentes p. 49 La famille p. 49 Le village et l'attachement à la terre p. 50 En Sardaigne : la terre et la question récurrente de la réforme agraire p. 52 Un intérêt pour la politique très différent en Corse et en Sardaigne p. 52 Dans la Sardaigne traditionnelle des bergers, la défiance vis-à-vis de la politique p. 52 En Corse, le clan ou la toute puissance de la politique p. 53 La centralité de la violence en Corse et en Sardaigne p. 57 La vendetta corse et sarde, une forme de pratique judiciaire primitive ? p. 58 En dehors de la vendetta, des conflits violents aux origines différentes en Corse et en Sardaigne p. 60 Conjonction entre violence et politique en Corse p. 60 Le bandit contre l'Etat p. 62 Une violence de subsistance et de révolte en Sardaigne p. 63 Corse et Sardaigne, du banditisme à la mafia ? p. 67 Section 3. Les conséquences démographiques de la modernisation des sociétés corse et sarde p. 73 Corse et Sardaigne, deux espaces vides mais pour des raisons différentes p. 73 La tradition de l'émigration plus forte en Corse qu'en Sardaigne p. 74 La Corse, foyer d'émigration p. 75 La Sardaigne, tardive et modeste terre d'émigration p. 80 La littoralisation des activités p. 83 Corse et Sardaigne, une bicéphalie urbaine très marquée p. 86 Conclusion du Chapitre I p. 89 Chapitre II. Histoire parallèle de deux îles convoitées p. 90 Section 1. De multiples colonisateurs mais des populations corse et sarde rarement soumises p. 91 A la recherche des Sardes et des Corses "primitifs" p. 91 Corse et Sardaigne, des îles convoitées depuis l'antiquité p. 92 Les Corses, les Sardes et leurs multiples colonisateurs du Ve au XVe siècle p. 94 Les prétentions de la papauté sur la Corse et la Sardaigne p. 100 Section 2. De la Renaissance au siècle des Lumières : la Sardaigne délaissée, la Corse révoltée puis temporairement indépendante p. 103 La Sardaigne, une île au cœur des tractations diplomatiques p. 104 La Corse, une île révoltée qui connut l'indépendance de 1755 à 1769 p. 107 Section 3. Destins croisés de la Corse française et de la Sardaigne italienne p.111 L'intégration pacifique de la Sardaigne à la sphère d'influence italienne p.111 La Corse, conquise par les armées du roi de France mais fidèle à la Révolution p. 112 Les timides prétentions des révolutionnaires français sur la Sardaigne p. 117 Section 4. Le XIXe siècle : la Sardaigne en principe au cœur du Risorgimento et l'intégration partielle de la Corse à la France p. 123 La reprise en main de la Sardaigne par le royaume du Piémont p. 123 De "la Fusion parfaite" à la "question sarde" p. 125 La Sardaigne, l'un des moteurs de l'unification italienne ? p. 128 De l'Unité italienne à la Première Guerre mondiale, la Sardaigne, une terre pauvre et lointaine p. 130 Une intégration superficielle de la Corse à l'Etat français p. 132 Clans corses et Etat français, un accord tacite de co-gérance p. 136 Une intégration partielle à la république française masquant mal la persistance d'un sentiment d'appartenance à un peuple corse p. 139 Conclusion du Chapitre II p. 144 * Deuxième Partie : Pourquoi existe-t-il un nationalisme violent et radical en Corse et non en Sardaigne ? p. 146 Chapitre III. La montée en puissance des nationalismes corse et sarde au XXe siècle p. 147 Section 1. La Première Guerre mondiale, en Corse et en Sardaigne : après le traumatisme, la poussée nationaliste p. 148 De la naissance du Partito Sardo d'Azione au régime fasciste p. 148 La dérive du "corsisme" vers le fascisme et le renforcement de l'adhésion populaire à la République française p. 154 Les prétentions fascistes sur la Corse : du discours à l'occupation p. 158 Section 2. La Sardaigne et la Corse dans l'après-guerre, des îles qui continuèrent à s'ignorer, tournées vers leur seul Etat-nation p. 163 Dans l'après-guerre, l'autonomie dans le cadre de la Première République italienne p. 163 La société traditionnelle en mutation, véritable ferment du nationalisme corse contemporain p. 168 Section 3. La radicalisation des nationalismes sarde et corse au cours des années 1960 et 1970 p. 178 La dérive de l'autonomisme vers l'indépendantisme en Sardaigne p. 178 Du régionalisme à l'autonomisme, puis de l'autonomisme à l'indépendantisme : la surenchère corse p. 184 Du clanisme comme mode d'organisation incontournable de la vie politique corse ? p. 185 La République française et l'exception corse p. 187 Conclusion du Chapitre III p. 193 Chapitre IV. Les principales représentations qui sous-tendent les discours nationalistes corse et sarde p. 197 Section 1. Des représentations semblables quant à l'abandon par l'Etat-nation, au peuple et à la langue p. 199 Le problème du développement économique à l'origine des questions corse et sarde : entre représentations de l'abandon et de l'humiliation p. 199 Les postulats ethniques des nationalismes sarde et corse et la représentation du peuple en danger p. 208 Les revendications culturelles corses et sardes dans le prolongement des théories ethniques p. 215 La lutte des nationalistes corses pour la langue et contre l'Etat-nation français p. 215 La langue sarde, mieux reconnue que la langue corse est toutefois dans une situation moins favorable p. 220 L'appui des instances européennes aux revendications linguistiques corse et sarde p. 224 Section 2. Des représentations divergentes quant à l'écologie, la participation à la vie politique et la violence p. 228 A priori, un nationalisme corse plus soucieux d'environnement pour un résultat en matière de mise en valeur touristique discutable p. 229 Le nationalisme corse longtemps en lutte contre le système clanique, face à la participation précoce du nationalisme sarde aux institutions politiques p. 240 Section 3. Pourquoi le nationalisme corse est-il violent alors que le nationalisme sarde ne l'est pas ? p. 245 L'impossible conjonction entre violence et nationalisme en Sardaigne malgré la radicalisation indépendantiste p. 245 La violence comme arme politique en Corse et ses dérives inévitables p. 249 Section 4. Les représentations que les nationalistes corses et sardes ont de leur Etat-nation respectif, de leurs îles et de l'Europe p. 255 Les représentations des nationalistes corses et sardes entre eux p. 255 Le souhait partagé d'un Etat-nation fédéral accordant une vaste autonomie aux îles p. 260 L'Europe des peuples : représentation centrale du discours des nationalistes corses et sardes p. 261 Conclusion du Chapitre IV p. 268 * Troisième partie : La Corse, la Sardaigne et l'Union européenne : de l'association de circonstances à la logique des îles p. 270 Chapitre V. Pourquoi un rapprochement corso-sarde s'impose-t-il après des siècles d'ignorance p. 271 Section 1. Chronologie de la coopération entre Corse et Sardaigne p.273 Phase n° 1 : Les années 1980 ou les prémices d'une coopération corso-sarde p.273 Phase n° 2 : Au cours des années 1990, les encouragements des instances européennes à la coopération corso-sarde avec l'assentiment des gouvernements nationaux p. 278 Phase n° 3 : Depuis 1995, la "logique des îles", continuation politique du rapprochement corso-sarde p. 280 Section 2. La montée en puissance de l'Union européenne dans les affaires corses et sardes se fait-elle au détriment des Etats-nations ? p. 284 Le contexte politique externe marqué par le rôle croissant de l'UE en Corse et en Sardaigne p. 284 La conversion des élus corses traditionnels à l'UE : un choix plus politique qu'économique p. 289 Pourquoi les gouvernements français et italiens laissent-ils faire ? p. 291 Section 3. Le but du rapprochement corso-sarde est politique : faire pression sur les gouvernements nationaux et les instances européennes pour la promotion d'une hypothétique "Europe des îles" p. 298 Le lobbying direct des Assemblées de Corse et de Sardaigne p. 300 Le réseau des hommes politiques nationaux d'origine insulaire p. 305 L'action concertée des députés européens de Corse et de Sardaigne p. 307 Le Comité des régions de l'Union européenne p.309 La Commission des Iles de la CRPM et son émanation statistique EURISLES p.310 Le Conseil de l'Europe p. 315 IMEDOC, un euro-lobby des îles qui prétend poser les bases d'une euro-région p. 317 Section 4. Quels sont les résultats concrets du lobbying de la Corse, de la Sardaigne et des autres îles sur l'Union Européenne et sur leur Etat respectif ? p. 321 L'article 158 du traité d'Amsterdam : illustration du travail de lobbying des îles en général et des représentants corses et sardes en particulier p. 321 Sur le modèle de l'ultrapériphéricité, la reconnaissance de l'insularité au sein de l'UE : une grande victoire pour les représentants des îles p. 324 Corse-Sardaigne-UE : un lobbying en faveur de l'autonomie et contre les Etats-nations unitaires français et italien p. 329 Conclusion du Chapitre V p. 332 Chapitre VI. Les limites de la coopération corso-sarde et de la logique des îles p. 336 Section 1. Entre indifférence et hostilité : la coopération corso-sarde a très peu de soutien auprès des populations insulaires : p. 337 Les représentations de la Corse dans l'esprit de nombreux Sardes p. 338 Les représentations de la Sardaigne dans l'esprit de nombreux Corses p. 339 Section 2. La coopération corso-sarde est avant tout politique : les projets économiques, culturels, sociaux et de transports sont en panne p. 344 D'impossibles relations commerciales entre la Corse et la Sardaigne ? p. 347 Une logique des transports corso-sarde en échec p. 353 Section 3. Pour l'avenir, l'Union européenne n'est pas forcément le partenaire le plus sûr pour la Corse et la Sardaigne p. 363 Les instances européennes plus "tatillonnes" que les Etats français et italien p. 363 Le redéploiement des crédits communautaires vers les PECO menace l'avenir européen de la Corse et de la Sardaigne p. 366 Section 4. La coopération corso-sarde repose sur des représentations erronées et potentiellement dangereuses p. 370 La dangereuse logique des îles p. 370 Le tropisme de la Catalogne et le mythe de l'Europe des régions p. 373 La déclaration de Barcelone et le fantasme d'une zone de libre-échange euro-méditerranéenne profitable aux îles à l'horizon 2010 p. 375 Conclusion du Chapitre VI. p. 381 * Conclusion générale p. 387 Bibliographie p. 403 Index des noms p. 440 -Tables des figures- Les Cartes : Carte n° 2.- Corse et Sardaigne à la marge de l'UE, mais au cœur de la Méditerranée occidentale p. 16 bis Carte n° 3.- Corse et Sardaigne, deux îles proches mais aux reliefs différents p. 22 bis Carte n° 4.- La Corse, véritable "château d'eau" comparativement à la Sardaigne plus sèche p. 26 bis Carte n° 5.- La Corse, un cloisonnement intérieur dû au relief, illustré par la multitude de micro-régions p. 38 bis Carte n° 6.- La Sardaigne, des reliefs moins accentués qu'en Corse mais un même cloisonnement intérieur, illustré par une multitude de micro-régions p. 38 ter Carte n° 9.- Corse et Sardaigne : densités et armatures urbaines comparées p. 85 bis Carte n° 13.- "Plan d'attaque de l'Isle de Sardaigne pour donner aux Sardes la Liberté", remis par A. Constantini au ministre des Affaires étrangères en mai 1792 p. 117 bis Carte n° 16.- Des parlers corses et sardes, fruits de l'histoire et de la géographie p. 220 bis Carte n° 22.- Les 144 régions membres de la CRPM et les 26 régions appartenant à la Commission des îles en 2002 p. 312 bis Carte n° 23.- Les infrastructures de transports : suréquipement politique en Corse contre gestion raisonnée en Sardaigne p. 353 bis Les coupes topographiques : Coupe topographique n° 1.- La Corse, une montagne dans la mer p. 23 bis Coupe topographique n° 2.- La Sardaigne et ses reliefs tabulaires p. 24 bis Les planches photographiques : Planche photographique n° 1.- Aperçus des paysages corses p. 23 ter Planche photographique n° 2.- Aperçus des paysages sardes p. 25 bis Planche photographique n° 3.- Les incendies, souvent criminels, fléaux de la Corse p. 28 bis Planche photographique n° 4.- La bonification d'Arboréa (ex-Mussolinia) p. 152 bis Planche photographique n° 5.- La "partitocrazia" sarde conduit à des regroupements de circonstance p. 183 bis Planche photographique n° 6.- Quand le nationalisme s'affiche en Corse p. 192 bis Planche photographique n° 7.- Quand la xénophobie s'affiche en Corse p. 213 bis Planche photographique n° 8.- Aperçus de la mise en valeur touristique de la Costa Smeralda p. 233 bis Les graphiques : Graphique n° 1.- Evolution comparée de la densité de population des grandes îles de la Méditerranée occidentale p. 74 bis Graphiques n° 2.- Evolution comparée de la démographie en Corse et en Sardaigne p. 75 bis Graphique n° 3.- Répartition des secteurs d'activités dans les principales îles méditerranéennes p. 348 bis Graphique n° 4.- Taux de chômage dans les îles de la Méditerranée par catégorie en 1999 p. 349 bis Graphique n° 5.- Evolution du PIB par habitant dans les îles de la Méditerranée sur la période 1987-1997 p. 368 bis Les documents : Document n° 2.- Principaux articles du Statut d'autonomie de la Sardaigne du 31.I.1948, parfois amendé, mais toujours en vigueur en 2002 p. 167 bis Document n° 3.- Motion sur l'officialisation de la langue corse adoptée par l'Assemblée de Corse, le 26 juin 1992 p. 218 bis Document n° 4.- Corse et Sardaigne, au cœur d'un complexe jeu de pouvoirs et de pressions p. 300 bis Document n° 6.- L'amicale des Parlementaires et membres du Conseil Economique et Social d'origine corse au 9 décembre 1997 p. 306 bis Document n° 9.- Accord constitutif d'IMEDOC du 9 mai 1995 p. 318 bis Document n° 11.- La rédaction de l'article 158 du traité d'Amsterdam, telle que souhaitée par la Commission des Iles de la CRPM p. 329 bis Document n° 13.- Synthèse des mesures INTERREG IIA Corse/Sardaigne p. 346 bis Document n° 14.- La déclaration commune d'IMEDOC du 17 avril 2000 p. 371 bis Les tableaux : Tableau n° 1.- Résultats des élections législatives de 1921 en Sardaigne p. 150 Tableau n° 2.- Les principaux partis aux élections régionales en Sardaigne au cours de la Première République italienne (en %) p. 184 Tableau n° 3.- Résultats au second tour des élections régionales en Corse de 1982 à 1999 (en %) p. 192 Tableau n° 4.- Les structures communes aux nationalismes corse et sarde p. 259 Tableau n° 5.- Crédits communautaires alloués à la Corse et à la Sardaigne p. 286 Tableau n° 6.- Des échanges corso-sardes en faible progression au cours des années 1990 en dépit des trois programmes INTERREG p. 360 bis Tableau n° 7.- Dépenses consacrées à l'élargissement dans les dépenses totales de l'Union européenne p. 367